RFI, 10-06-2015 Burundi : les conditions du dialogue s'éloignent Dix jours après le sommet des chefs d’Etat de la région qui a recommandé un report des élections et la reprise du dialogue politique, les opposants au troisième mandat du président Pierre Nkurunziza et le pouvoir burundais ont multiplié les prises de position radicales. Oubliée, la main tendue qui a suivi le sommet de Dar es Salaam, finies les bonnes intentions affichées par les deux parties, aujourd’hui tous ont durci le ton.
L’opposition radicale et la société civile, qui sont à la pointe de la contestation du troisième mandat du président Pierre Nkurunziza récusent désormais l’actuel médiateur dans la crise qui frappe ce pays, Saïd Djinnit, envoyé spécial de l’ONU pour les Grands Lacs, accusé de partialité. Mais après un court séjour à New York, il est de retour à Bujumbura selon des sources des Nations unies, qui rappellent que cette organisation lui a encore renouvelé sa confiance. Le pouvoir burundais qui a fait preuve d’ouverture sur la question du troisième mandat, vient de faire marche arrière. Son porte-parole, Philippe Nzobonariba, a annoncé que la candidature de Nkurunziza était « non négociable ». L’opposition pour une nouvelle Céni Les deux parties se heurtent encore de front sur la question de la Commission électorale, qui n’est plus composée que de trois membres sur cinq, les deux autres ayant fui le pays. Opposition et société civile estiment qu’elle est devenue illégale, exigent des négociations sur une nouvelle Céni et rejettent le nouveau calendrier électoral qu’elle vient de rendre public. Le pouvoir lui s’en réjouit. Enfin, le pouvoir n’évoque plus la reprise du dialogue politique, alors qu’opposition et société civile posent de nombreuses conditions à sa reprise. Pour l'opposition, la question du troisième mandat est « non négociable ». Pour Frédéric Bamvuginuymvira, vice-président du Frodebu, il n'est pas question de s'asseoir à la table des négociations « pour passer outre la Constitution et les accords d'Arusha ». « Cette Constitution a été votée par voie référendaire et par conséquent c'est notre propriété et personne ne peut s'en approprier seul, soit-il président de la République », avance-t-il. Même son de cloche chez le Mouvement pour la solidarité et le développement (MSD). François Nyamoya est son secrétaire général. « Le véritable dialogue c'est pour discuter des conditions d'une élection transparente et crédible. Et pour cela, il y a toute une série de questions à discuter, d'obstacles à lever. Il faut que la communauté internationale mette tout son poids, qu'elle s'implique dans l'organisation de ces élections, qu'elle la prenne en main. Car si ce n'est pas cela, on risque d'aller dans une déstabilisation du pays encore plus grave. » Bref, dix jours après le sommet des chefs d’Etat de la région censé aider à trouver une solution à la crise qui frappe le Burundi depuis le 26 avril, les perspectives d’une solution concertée semblent encore éloignées. |